Inès Wickmann : deux vidéos
Musique Francis Dhomont

J'ai pu voir récemment deux vidéos à « la baignoire » pendant le festival «KLANG» à Montpellier.

Dérive

Une nature luxuriante plein écran nous émerveille, et parfois l'écran coupé obturé, assombri, nous place en observateur d'une scène banale à travers un « soupirail ». Parfois des silhouettes avancent, disparaissent, réapparaissent très provisoirement... qui me remettent en mémoire les poèmes de Toge Senkichi... Nous sommes projetés entre effroi, stupéfaction et beauté... Inès Wickmann pointe tout en force, en une violence délicate ce vers quoi l'humanité semble bien aller...

L'Ailleurs, toujours

Première image : une femme (vue d'en haut), avance. La souplesse de sa marche, à peine dansante, intrigue car elle est toute entière dans le rythme qui lui est propre, dans une belle démarche déliée. Et rien ne semble - ni les marches de la « calle sin salida », ni les panneaux indicateurs muets, ni les paysages changeants- altérer, arrêter la tranquillité mouvante et ferme de son pas.

Plus tard, plusieurs autres ... jupe blanche ou jupe noire, corsage blanc ou corsage noir, chapeau blanc ou chapeau noir, avec toutes le même grand sac blanc ou noir... lui emboîtent le pas selon une sorte de diagonale.

Inès Wickmann travaille chaque « image » de manière très précise ; son grand atout : ne pas avoir besoin des mots... ou si peu ! De plus, la musique de Francis Dhomont est dans une telle symbiose avec les images que l'ensemble déclenche ainsi une cascade de questions/réflexions, troublant efficacement la sensibilité de chacun devant la gravité des thèmes effleurés dans l'exigence esthétique sans faille des deux créateurs.... Quel rare et beau moment !

Photographies: Ines Wickmann